Traversée Atacama Uyuni

1,789 words

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Plus de trois mois après les faits, j’écris enfin sur cette magnifique traversée du sud de la Bolivie et notre rencontre avec l’immense désert de sel. Heureusement, j’ai quelques notes et des photos pour me rafraîchir la mémoire. J’ai déjà trop tardé avant d’écrire, puisque la principale raison qui me pousse à le faire est la volonté de préserver une partie de mes souvenirs.

Nous partons pour trois jours et deux nuits avec une agence (White and Green) : départ San Pedro de Atacama, arrivée Uyuni. À l’heure actuelle, il semble préférable de passer par une agence pour des raisons de coûts et sécurité. La plupart d’entre elles sont boliviennes et possèdent des bureaux ou des partenaires à San Pedro de Atacama.

24 juin 2024

Un van vient nous chercher à l’auberge de jeunesse pour nous faire traverser la frontière chilienne-bolivienne. Nous sommes un peu plus âgés que les autres passagers. Se sentir plus âgé est un sentiment encore relativement nouveau pour moi. Je ferais bien de m’y habituer, car la tendance n’est pas près de s’inverser. Nous sommes huit francophones, dont deux Belges bilingues, deux hispaniques (du Honduras et du Chili) et un Allemand.

Deux personnes n’ont pas leur PDI, un papier remis en entrant au Chili, et nécessaire pour sortir du pays. Ces personnes sont énervées et outrées de ne pas avoir été suffisamment informées. En revanche, elles n’ont pas l’air désolées de retarder le groupe. Le chauffeur refuse de nous amener à la frontière sans avoir au préalable réglé la situation. Nous attendons donc l’ouverture du bureau d’immigration situé en ville. Nous en profitons pour petit-déjeuner avec le lever du soleil dans un endroit bien moins venteux que celui qui était initialement prévu.

Volcans Juriques et Licancabur après le passage de la frontière

Une fois passée la frontière, nous formons deux groupes et poursuivons l’aventure dans des 4×4. Nous sommes avec Angel, un Français qui vient de finir son service civique en Équateur, où il enseignait l’anglais à des populations indigènes, ainsi que Virginie et Gautier, un couple de Belges qui commencent tout juste leur tour du monde. Nous étions assez contents de ne pas être avec ceux qui n’avaient pas leur PDI, car elles ne semblaient pas très sympathiques. Notre chauffeur fait également office de guide en espagnol. Angel assure la traduction en français ; cela s’est avéré très utile pour ne rien manquer aux explications et demander des précisions. Je n’ai jamais vu de traducteur plus dévoué : il a traduit le moindre mot prononcé par le chauffeur durant les trois jours de voyage.

Laguna Blanca

La Laguna Blanca est blanche à cause du bore. Le vent souffle fort et le lac est partiellement gelé. Ce fut notre premier arrêt.

Laguna Verde

La Laguna Verde, situé juste à côté de la Laguna Blanca, n’est pas vraiment verte. On nous dit que les couleurs sont plus belles entre midi et 15 heures lorsqu’il y a encore plus de vent. Et on voit bien sûr le volcan Licancabur derrière la laguna !

Nous nous arrêtons ensuite dans une vaste plaine qu’on appelle le désert de Dali à cause de sa ressemblance avec certains paysages surréalistes du peintre. Les photos que nous avons prises ne rendent pas hommage à la beauté du lieu.

Vigognes (vicuña) à proximité des sources d’eau chaudes

Nous profitons d’un bain dans des sources chaudes (las termas). Cette eau naturellement chauffée n’a pas d’odeur, pas de couleur, et ne contient pas de produits chimiques. Nous sentons la chaleur venir du sol, le centre du bassin est l’endroit le plus chaud.

Nous croisons de nombreux Français et francophones sur cet itinéraire. Ce sera souvent le cas en Bolivie.

Sol de Mañana, ça sentait le soufre

Sur certaines portions du trajet, il n’y a pas de route. Nous traçons notre chemin en suivant les sillons de terre déjà existants. La poussière soulevée par la voiture nous oblige souvent à fermer les fenêtres, de toute façon il fait froid.

Laguna Colorada

La Laguna Colorada peut accueillir entre 30 000 et 40 000 flamants roses. Ils n’étaient pas aussi nombreux, quelques milliers tout au plus, probablement en raison de la migration. Apparemment, ils vivent 40-50 ans grâce aux algues qui donnent au lac ses couleurs si particulières. Le rouge est la couleur la plus impressionnante, mais ce n’est pas la seule. D’ailleurs, on l’appelle la laguna colorada et non la laguna roja. Le vent était terrible sur la crête jusqu’au mirador. Je n’ai jamais autant lutté contre le vent. Y a d’ailleurs decidé de marché sur le flanc plutôt que la crête tellement c’était dangereux de se prendre le vent de plein fouet. Nous avons vu trois espèces de flamants roses (des Andes, du Chili et James) et leurs petits. On peut les différencier avec la couleur du bec, les pattes et la queue.

Le trajet a oscillé entre 4 000 et 5 000 mètres d’altitude, ce qui est assez éprouvant même si nous marchons peu. Y et Virginie ressentent des maux de tête vers la fin de la journée. Nous sommes pleins de poussière à cause du vent et de la terre aride. Nous dormons à 4 000 mètres ce soir. Et à cause de l’altitude, un petit mal de crâne survient pendant la nuit. Il fait un froid de gueux et l’endroit n’est pas chauffé. Nous sommes juste 5 clients dans l’hébergement et durant le diner les petites filles des propriétaires sont venus nous chanter des chansons et faire des dessins. Elles étaient hyper adorables jusqu’au moment où elles ont demandé de l’argent. Nous sommes heureux d’apprendre que les sacs de couchages sont fournis par l’hébergement, en plus de lourdes couvertures en laine. Le guide nous a même fourni ses bouillottes personnelles. Les couvertures étaient tellement lourdes qu’il était impossible pour Y de dormir sur le dos, tellement elles lui écrasaient la poitrine.

25 juin 2024

Les oreilles des lamas sont décorées pour identifier leur propriétaire. Ils portent aussi parfois des colliers colorés. Nous aimerions beaucoup voir un puma dans son habitat naturel, mais même le guide n’en a jamais vu un vivant.

Copa del Mundo, sous son meilleur profil, autrement on manque la ressemblance…
Escalader le dromadaire
Italia Perdida, on trouverait un tel rocher en Italie
Laguna Catal, lac mystérieux et caché.
Sur le chemin vers la laguna Catal, des troupeaux d’alpagas
Canyon Anaconda, parce que la rivière étroite et sinueuse fait penser à un serpent
Mirador Zora? On trouvait ça très beau, et juste à ce moment-là, le guide s’arrête.

Nous faisons une pause dans le village de Julaca, dans une boutique qui vend des bières de cactus, quinoa et feuille de coca.

Le chauffeur nous recommande de prendre cinq feuilles de coca et de les garder dans la bouche cinq minutes sans les mâcher. Lui, en revanche, en consomme en continu. Il les recrache au bout de quelques minutes et en reprend aussi tôt. Les feuilles forment une boule sous sa joue.

Hôtel de sel

Ce soir, nous dormons dans un hôtel bien meilleur que la veille avec des murs en sel. L’endroit est chauffé, confortable et insolite. L’agence et le chauffeur nous offre une bouteille de vin pour le dîner. Excellente idée susceptible d’augmenter son pourboire.

26 juin 2024

Lever de soleil sur le Salar de Uyuni
Notre bolide au lever du soleil

Nous partons pour le Salar de Uyuni, le plus grand désert de sel au monde (près de 11 km carrés), à 5 h 50 au lieu de 5 h 30 à cause d’une panne de réveil. Le lever du soleil est magnifique : les couleurs me rappellent le ciel de San Pedro de Atacama, et l’immensité du Salar de Uyuni provoque une perte de repères.

Isla Incahuasi

Isla del pescador ou Incahuasi est la plus grande île dans le salar. Les Incas venaient ici. Les cactus de l’île sont impressionnants, ils grandissent de 1 cm par an. Explorer l’île vaut vraiment le coût. C’était un vrai coup de coeur.

Séance photo sur le salar

L’absence de repère visuel sur le salar, c’est une vaste étendue de sel pratiquement plate, nous permet de prendre des photos originales en jouant avec la perspective.

Le Palacio de Sal est un hôtel construit avec des blocs de sel près de la bordure du Salar. Il s’agit de l’unique hôtel à l’intérieur du salar.
La course du Paris Dakar est passée par là en 2016, 2017 et 2018 (à vérifier).
Le monument du Paris Dakar représente le logo de la course : une tête de touareg enroulé dans son habit.

On nous dit qu’il n’y a pas (suffisamment) d’eau sur le salar en cette saison pour observer la magnifique réflexion du ciel sur l’eau. Nous avons appris plus tard dans la journée en discutant avec des passagers du bus vers Potosi que ces endroits existent. Nous avons eu un petit moment d’hésitation pour rester et voir ces magnifiques reflets miroir. Je pense que ce n’était effectivement pas la saison, mais surtout que les étendues d’eau auraient nécessité un détour.

Les blocs de sel sont bicolores : le sel est gris orangé pendant la saison sèche et blanc quand le sel est lavé par l’eau. 2 % d’iode est ajouté dans le sel extrait du salar.

Le cimetière de train est essentiellement un cimetière de locomotives du 19ᵉ siècle. Cet arrêt présente peu d’intérêt, à part souligner que le train était curieusement plus développé (pas technologiquement bien sûr) à l’époque qu’aujourd’hui sur le continent américain.

Une astuce que me souffle Y au moment de donner du pourboire : mettre les plus gros billets à l’extérieur, ce serait dommage qu’il n’aperçoive que les petits.

On a surprenamment bien mangé tout au long du tour organisé. La nourriture était variée. La viande de bœuf n’était pas terrible.

Ange et Démon

Angel, qui porte extrêmement bien son nom, était toujours incroyablement gentil et positif. Nous avons rarement côtoyé une aussi bonne personne. Et il a fait le traducteur pendant les trois jours sans jamais broncher. On s’est d’ailleurs rendu compte qu’on ne comprenait pas autant le guide/chauffeur qu’on ne le pensait.

Virginie était très sympa le premier jour. Mais nous avons vite découvert son autre visage (de démon) une fois qu’elle a décidé qu’elle ne nous aimait pas. À l’opposé d’Angel, elle a démontré un niveau de méchanceté gratuite et un manque de finesse difficilement égalables. Le séjour a été un peu gâché par sa présence. Nous étions à deux doigts de la guerre ouverte. D’ailleurs, nous avons recroisé l’autre groupe au monument Paris Dakar. L’ambiance n’avait pas l’air fameuse chez eux non plus voir pire. Je pense que l’altitude, le froid, le vent et la proximité avec des inconnus pendant trois jours entiers ne font pas bon ménage.


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Comments

One response to “Traversée Atacama Uyuni”

  1. Liêu Avatar
    Liêu

    Encore !!

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